Login

Plan loup Le ministre de l'Ecologie tente de ménager la chèvre et le loup

PARIS, 19 juil 2004 - Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier a autorisé lundi à titre exceptionnel le tir de quatre loups d'ici la fin de l'année, tentant ainsi de ménager à la fois les éleveurs de brebis et le loup, espèce protégée en France.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les préfets des Alpes de Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes pourront organiser un tir "en cas d'attaques répétées sur un secteur donné, et si une large majorité d'éleveurs a mis en oeuvre des mesures de protection", a souligné le ministre lors d'une conférence de presse lundi. Il a précisé que si les trois premiers loups tués étaient des femelles, le tir s'arrêterait à trois animaux.

Pour M. Lepeltier, "il ne s'agit pas de réguler la population de loups, mais d'alléger la pression sur certains secteurs". "Depuis 10 ans, sur 3.000 attaques, un tiers d'entre elles, soit 1.000 attaques se sont concentrées sur six communes seulement", a-t-il indiqué. Le loup est réapparu en 1992 dans les Alpes Françaises en provenance d'Italie. On estime que 55 loups environ évoluent en France sur 13 zones permanentes, du Parc du Mercantour aux Alpes-Maritimes et jusqu'au Vercors.

Le nombre de brebis victimes du loup a d'abord grimpé en flèche, avant de décroître légèrement depuis 2002. Dans le même temps, des mesures de protection se sont mises en place : filets de protection autour des troupeaux, gardiennage la nuit, utilisation de chiens "patous" spécialisés.\On a compté l'an dernier 508 attaques du loup et 2.177 brebis indemnisées contre 571 attaques et 2.726 victimes en 2002, selon le ministère.

Dans le passé, le ministère de l'Ecologie a conditionné le tir du loup (7 au total, soit un par département touché) à des conditions si draconiennes (attaques répétées contre un même troupeau, nombre précis de brebis victimes etc.) qu'en pratique, aucun loup n'a jamais été tiré. Rompant avec cette méthode, le groupe de travail sur le loup constitué par les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture avait proposé en avril de tuer un "quota" de 5 à 7 loups en 2004.

M. Lepeltier a opté pour 4, avec des conditions plus souples que dans le passé. Les préfets pourront déclencher un tir en cas d'attaques répétées sur un secteur donné, et non seulement contre un troupeau. Aucun tir ne sera autorisé sur la zone centrale du Parc national du Mercantour, a précisé le ministre. Personnellement opposé au tir du loup, le ministre a semble-t-il modifié sa position après sa visite dans les Alpes de Haute-Provence début juillet.

"Le ministre a revu sa position, et je me satisfais de cette nouvelle orientation", a indiqué à l'AFP Franck Dieny, président de la Fédération ovine de Provence-Alpes-Côtes-d'Azur, tout en regrettant "ce minima de 4 loups, très insuffisant pour diminuer la pression qui pèse sur l'élevage ovin". Christian Estrosi, député des Alpes Maritimes, "salue l'avancée que constitue l'autorisation du tir de quatre loups", tout en demandant "une réévaluation" du nombre.

Côté écologiste, Christophe Aubel de la Fédération France Nature Environnement s'est déclaré "satisfait que les plus extrêmistes ne l'aient pas emporté", tout en rappelant que "l'espèce est encore fragile en France". Le loup est un animal protégé aux termes de la Convention de Berne (1979) et de la directive européenne Habitats (1992). Le Plan d'action du ministère de l'Ecologie tombe 48 heures seulement après la mort de 140 brebis dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui se sont précipitées dans un ravin après l'attaque d'un prédateur, loup ou chien errant.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement